Les évolutions politiques et sociales propres à la fin du IVe siècle après J.C. interrogent sur la fonction politique potentiellement assigné à la femme, traditionnellement en retrait. Pourtant, et en dépit de la récurrence de l’idée d’infirmitas mulierum, il apparaît que celle-ci pouvait se révéler figure d’autorité, ainsi que l’illustre le cas de Sérène, nièce de Théodose (379-395) et épouse de Stilicon, maître des deux milices. L’approche de cette regina, parfois évoquée, bien peu étudiée, peut permettre à l’historien d’aborder des problèmes aussi variés que la politique matrimoniale impériale, le statut reconnu à une membre de la domus augusta de la fin du IVe siècle, ou bien encore l’épineux problème du rôle joué par la femme dans l’entreprise de conversion chrétienne.
Cette intervention vise à souligner l’élaboration d’un discours genré et d’une mise en scène singulière de l’autorité impériale, permise par Sérène, à la fois source et vectrice d’autorité. Figure de romanité mariée à un semibarbarus, chrétienne louée par l’un des derniers grands auteurs païens, la nièce de Théodose a su mobiliser autant la féminité de l’amor romanus que les vertus viriles d’une augusta sans le titre.
Ainsi, cette haute figure de féminité se révèle avoir suscité, de son vivant, la polémique, et cristallise en elle les paradoxes du « second établissement chrétien » des années 380-410 ap. J.-C. (C. Pietri). C’est donc à l’étude d’une forme d’autorité originale et contradictoire qu’invite l’analyse de ce portrait, permettant ainsi de mieux appréhender la crise propre aux années de la régence assumée par Stilicon (395-408).