En m’intéressant à l’autorité dont jouit Jean-Pierre Vernant dans les études classiques je tenterai de répondre à trois objectifs : amorcer la réflexion sur la nature et la spécificité de l’autorité intellectuelle ; identifier, à une échelle personnelle, les traits de l’autorité particulière de Vernant ; examiner enfin le paradoxe d’une autorité qui, loin de s’affirmer comme immuable, s’offre au dépassement, et émane d’un « maître de liberté », pour reprendre l’expression de Pierre Vidal-Naquet, plutôt que d’un « maître de vérité » comme l’Antiquité en a connus.
A cette fin, je referai le parcours de jeune chercheur qui fut, entre autres, le mien, depuis le moment où l’on mesure l’autorité dont jouit un savant dans notre champ d’étude, à la découverte de ce qui la qualifie, la fonde ou l’affaiblit – qualités et histoire de la personne, caractéristiques de la pensée, choix des objets de science –, pour finir par le temps de l’émancipation.