ERAMA

Figures de l’autorité

Buste de César (?)

Trouvé dans le Rhône, à Arles, en 2007

Buste de César (?)

Trouvé dans le Rhône, à Arles, en 2007

Nous nous atta­che­rons tout d’abord à étudier cer­tai­nes figu­res d’auto­rité, réel­les ou fic­tion­nel­les, dans les domai­nes lit­té­raire, reli­gieux, poli­ti­que, économique ou phi­lo­so­phi­que. Il s’agira de déter­mi­ner com­ment elles ont été cons­trui­tes et quels sont les éléments qui font d’elles des dépo­si­tai­res d’auto­rité aux yeux des Anciens, et d’ana­ly­ser les réu­ti­li­sa­tions et les réin­ter­pré­ta­tions dont elles ont été l’objet au cours du temps. Dans cette pers­pec­tive nous abor­de­rons les figu­res de fon­da­teurs, qui occu­pent une place impor­tante dans l’Antiquité, ainsi que celle, par­ti­cu­lière, de l’auteur ; nous inter­ro­ge­rons également les com­pé­ten­ces qui peu­vent fonder l’auto­rité d’une figure, et nous réflé­chi­rons aux pro­ces­sus d’hom­mage et de déri­sion à l’œuvre dans le trai­te­ment d’une figure d’auto­rité, géné­ri­que comme par­ti­cu­lière.

Mises en scène de l’autorité

Notre deuxième axe d’étude sera consa­cré aux mises en scène de l’auto­rité. Il s’agira d’ana­ly­ser les moyens qu’ont uti­li­sés les Anciens pour repré­sen­ter leur auto­rité, et la manière dont ils les ont mis en œuvre. S’inté­res­ser à sa repré­sen­ta­tion — et à l’auto‑­re­pré­sen­ta­tion — nous per­met­tra d’envi­sa­ger l’auto­rité plus par­ti­cu­liè­re­ment du point de vue de celui qui la pos­sède et veut s’en assu­rer. Nous tâche­rons alors d’étudier les objets, les ges­tuel­les ou encore les monu­ments qui per­met­tent l’affir­ma­tion d’une auto­rité, mais nous nous deman­de­rons également si le choix d’une langue ou d’une autre peut inter­ve­nir dans une stra­té­gie de légi­ti­ma­tion.

Relations d’autorité

Il s’agira dans ce troi­sième axe de réflexion de pren­dre plus par­ti­cu­liè­re­ment en compte les éléments de per­cep­tion et de récep­tion de l’auto­rité, en nous inter­ro­geant sur les rap­ports entre plu­sieurs auto­ri­tés mais aussi entre les agents d’une auto­rité et ceux qui y sont soumis. Ce sera l’occa­sion de se deman­der si la rela­tion d’auto­rité se défi­nit tou­jours comme une domi­na­tion de l’un sur l’autre, ou si elle peut s’envi­sa­ger en d’autres termes (reconnais­sance mutuelle par exem­ple), selon qu’elle est reje­tée ou au contraire reconnue et admi­rée. Nous nous inté­res­se­rons dans ce cadre aux rap­ports qu’entre­tien­nent genre (au sens de cons­truc­tion sociale, gender) et auto­rité, ainsi qu’aux rela­tions com­plexes qui unis­sent un centre (une cité, une métro­pole, une capi­tale) et sa péri­phé­rie (son ter­ri­toire, sa colo­nie, son empire). Nous abor­de­rons également les formes d’auto­rité qui inter­vien­nent dans des rela­tions infor­mel­les ou inter­per­son­nel­les (par exem­ple dans les rela­tions d’amitié), dif­fi­ci­les à saisir, mais sou­vent essen­tiel­les au fonc­tion­ne­ment des socié­tés ancien­nes.

Conflits d’autorité

Notre réflexion sera enfin nour­rie par l’atten­tion portée aux conflits d’auto­rité. Les confron­ta­tions aux­quel­les ils don­nent lieu per­met­tent en effet sou­vent de mieux éclairer les tenants et les abou­tis­sants des dif­fé­ren­tes concep­tions riva­les. Il s’agira alors de mettre au jour ce que nous révè­lent ces conflits des dyna­mi­ques poli­ti­ques, cultu­rel­les ou reli­gieu­ses et de la façon dont les socié­tés anti­ques évoluent en chan­geant de modè­les domi­nants.