Lors de notre séance introductive, Myriam Revault d’Allonnes (EPHE) nous a proposé, avant d’engager notre étude historique en contexte, de revenir sur le concept même d’autorité qui paraît si impalpable, et, pour ce faire, elle est partie de la mise en crise de l’autorité par la modernité. La confusion avec le pouvoir qui appelle obéissance plutôt que reconnaissance, l’avènement des démocraties modernes, la revendication d’autonomie de la raison par les Lumières sont autant de problèmes posés à la conception traditionnelle de l’autorité. Cette intervention nous a ainsi invités à prendre le recul nécessaire pour mieux cerner les spécificités antiques, tout en nous rappelant les grandes références de la réflexion philosophique et politique sur ces sujets.
Edmond Lévy (Université de Strasbourg) a ensuite souligné la rareté et la faible spécialisation du lexique du pouvoir en grec, citant l’exemple du mot archôn. Il a présenté une étude minutieuse des emplois des termes du prestige chez Thucydide, dont il ressort qu’axioma désigne un prestige plus individualisé, plus matériel et dont l’origine est localisée, tandis qu’axiosis désigne le prestige de façon plus générale et non quantifiable.
Enfin, Pascale Brillet-Dubois (Université Lyon 2) a cherché à expliquer l’autorité dont jouit la figure de Jean-Pierre Vernant dans les études classiques. Cette intervention avait le double intérêt, pour notre sujet d’étude, d’éclairer certains ressorts de l’autorité intellectuelle, et, pour les jeunes chercheurs que nous sommes, de s’interroger sur nos méthodes et notre rapport aux autorités scientifiques. La diffusion d’une pensée, sa reconnaissance par l’institution, sa résistance au temps, une personnalité de « maître de liberté » sont autant d’éléments qui peuvent fonder l’autorité, tandis que la définition de l’objet d’étude, les parti-pris méthodologiques et idéologiques peuvent constituer des limites à cette autorité : la figure de Jean-Pierre Vernant ne fait en effet pas l’objet d’un consensus, elle est une autorité parmi d’autres.
En outre, les discussions qui ont accompagné ces interventions ont attiré notre attention sur quelques pistes de réflexion à approfondir au cours de nos travaux.
Par exemple :
Des comptes-rendus plus détaillés de chaque intervention sont disponibles sur notre carnet de recherches : erama.hypotheses.org
G. Hubert