ERAMA
 

Solon dans le Contre Timarque d’Eschine : la place relative des compétences dans cette figure d’autorité du IVe siècle

Catherine Psilakis

Dans le Contre Timarque d’Eschine, la repré­sen­ta­tion de Solon comme légis­la­teur parmi d’autres légis­la­teurs et comme modèle d’homme poli­ti­que athé­nien modéré invite à inter­ro­ger la rela­tion com­plexe qui s’établit entre les com­pé­ten­ces par­ti­cu­liè­res d’un indi­vidu et l’auto­rité qui lui est reconnue par une com­mu­nauté donnée. On pour­rait s’atten­dre à une rela­tion de cause à effet entre les deux : les com­pé­ten­ces offri­raient à celui qui en dis­pose une auto­rité incontes­tée dans le domaine où s’exerce son savoir-faire. La lec­ture du Contre Timarque que nous pro­po­sons sera l’occa­sion de dis­cu­ter cette idée d’un méca­nisme de reconnais­sance de l’auto­rité, qui serait fondée exclu­si­ve­ment sur les com­pé­ten­ces. Ainsi, comme nous le ver­rons, ni l’ancien­neté ni le savoir-faire avéré dans un domaine par­ti­cu­lier ne sau­raient suf­fire à trans­for­mer un indi­vidu en une figure d’auto­rité. Au-delà de la com­pé­tence, d’autres éléments entrent en jeu dans ce pro­ces­sus qui confère de la légi­ti­mité et de la cré­di­bi­lité à un indi­vidu. Quelle sera dans ce cas la place de la com­pé­tence – ou des com­pé­ten­ces – dans l’auto­rité dont jouit la figure de Solon dans le Contre Timarque ? Nous dis­cu­te­rons l’idée d’une auto­rité fondée sur les com­pé­ten­ces en reve­nant sur quel­ques exem­ples du dis­cours, puis nous nous deman­de­rons si l’auto­rité n’est pas elle-même géné­ra­trice de com­pé­ten­ces. Nous ter­mi­ne­rons la lec­ture du dis­cours en insis­tant sur le rôle fon­da­men­tal de celui qui reçoit et met en scène l’auto­rité, ici en l’occur­rence Eschine, l’auteur du dis­cours.