Dans le Contre Timarque d’Eschine, la représentation de Solon comme législateur parmi d’autres législateurs et comme modèle d’homme politique athénien modéré invite à interroger la relation complexe qui s’établit entre les compétences particulières d’un individu et l’autorité qui lui est reconnue par une communauté donnée. On pourrait s’attendre à une relation de cause à effet entre les deux : les compétences offriraient à celui qui en dispose une autorité incontestée dans le domaine où s’exerce son savoir-faire. La lecture du Contre Timarque que nous proposons sera l’occasion de discuter cette idée d’un mécanisme de reconnaissance de l’autorité, qui serait fondée exclusivement sur les compétences. Ainsi, comme nous le verrons, ni l’ancienneté ni le savoir-faire avéré dans un domaine particulier ne sauraient suffire à transformer un individu en une figure d’autorité. Au-delà de la compétence, d’autres éléments entrent en jeu dans ce processus qui confère de la légitimité et de la crédibilité à un individu. Quelle sera dans ce cas la place de la compétence – ou des compétences – dans l’autorité dont jouit la figure de Solon dans le Contre Timarque ? Nous discuterons l’idée d’une autorité fondée sur les compétences en revenant sur quelques exemples du discours, puis nous nous demanderons si l’autorité n’est pas elle-même génératrice de compétences. Nous terminerons la lecture du discours en insistant sur le rôle fondamental de celui qui reçoit et met en scène l’autorité, ici en l’occurrence Eschine, l’auteur du discours.