ERAMA
 

Autorité et compétences du médecin grec : étude d’une polémique médicale à la fin du Ve siècle (De l’Ancienne médecine)

Marc Dietrich

Le déve­lop­pe­ment de la τέχνη ἰητρική en Grèce clas­si­que, s’il fut sou­tenu par le ratio­na­lisme ionien, ne condui­sit en aucun cas à l’établissement d’un corps de doc­tri­nes médi­ca­les uni­forme et incontesté. Outre l’oppo­si­tion ren­contrée par les tenants d’une méde­cine ration­nelle, à qui l’on refu­sait par­fois le noble titre de τεχνῖται, théo­ries et métho­des hété­ro­gè­nes s’affron­tè­rent au sein même de la méde­cine hip­po­cra­ti­que, au point que l’on doit en réa­lité parler des méde­ci­nes hip­po­cra­ti­ques. Or pour un méde­cin, expert de la santé, défen­dre son auto­rité était de pre­mière néces­sité : elle lui assu­rait une répu­ta­tion ferme et, de là, une clien­tèle four­nie. Une lec­ture du traité de l’Ancienne méde­cine nous per­met­tra d’obser­ver la lutte pour l’auto­rité qui oppo­sait méde­cins nova­teurs et méde­cins tra­di­tio­na­lis­tes à la fin du Ve siècle : nous ver­rons non seu­le­ment com­ment ce dis­cours polé­mi­que déni­gre les com­pé­ten­ces des nova­teurs et pro­meut la méde­cine tra­di­tion­nelle, mais aussi com­ment il dévoile la maî­trise d’une com­pé­tence fon­da­men­tale du méde­cin grec, celle de bien parler.