Les phénomènes de parodie les plus célèbres du théâtre d’Aristophane consistent en l’imitation comique de scènes tragiques (le Télèphe d’Euripide dans les Acharniens) ou en un détournement irrévérencieux de morceaux de vers empruntés à ces mêmes tragiques (les vers d’Eschyle et Euripide dans le texte des Grenouilles par exemple). Le rire suscité dans le théâtre de Dionysos prend pour cible la gravité caractéristique du genre tragique. Si l’épopée est comme la tragédie un genre noble, aux résonances sérieuses et dont Aristophane aime détourner la grandiloquence, l’intertexte homérique occupe dans le texte d’Aristophane une place bien distincte de ces phénomènes de paratragédie. L’irrévérence comique envers Homère a la spécificité de conserver au poète une autorité dont ne jouissent pas les tragiques. Loin d’être incompatible avec une forme de reconnaissance, la dérision fonctionne alors comme un hommage à celui qui demeure le poète par excellence.