De nombreuses sources mettent en scène les empereurs romains du premier siècle de notre ère aux prises avec l’humour, utilisé par eux ou à leur encontre. Ainsi, Auguste fut par exemple raillé publiquement par un inconnu : « Cet homme d’une ressemblance frappante avec Auguste était venu à Rome et tous les regards se retournaient sur lui ; Auguste le fit amener devant lui et après l’avoir examiné, il le questionna ainsi : « Dis moi, jeune homme, ta mère est-elle jamais venue à Rome ? Il répondit par la négative et sans s’arrêter là, il ajouta : »Mais mon père, lui, y est venu souvent ». La réaction publique de l’empereur à cette saillie contre les mœurs de la domus augusta nous est inconnue. Toutefois, cet épisode, loin d’être isolé, permet de poser le problème de l’autorité de l’empereur au miroir de l’humour politique. En effet, l’humour était, pour le prince comme pour les habitants de la Rome impériale, une arme à double tranchant, aussi dangereuse qu’utile pour l’autorité du pouvoir.
Nous proposons d’analyser ce phénomène lors du premier siècle de notre ère, afin de voir quel usage de l’humour faisaient les empereurs pour asseoir leur autorité publique et privée et en quoi cela était un trait, plus ou moins marqué, de leur personnalité. Du point de vue opposé, il peut aussi paraître intéressant de voir quel était le seuil de tolérance des différents empereurs face à un humour à leur encontre ou mettant à mal leur autorité. Enfin, il faut analyser dans quelle mesure l’attitude des empereurs vis-à-vis de l’humour public était constitutive de l’image, et donc de l’autorité, du « bon prince ».
Cette communication permet d’éclairer sous un angle original à la fois la personnalité et le rapport à l’autorité des principes dans un régime impérial encore en formation, mais aussi de discuter la figure politique de l’Empereur, longuement analysée par des historiens comme A. Wallace-Hadrill et P. Veyne.