ERAMA
 

Le rire de Platon : fonder/contester une autorité intellectuelle

Il s’agira d’ana­ly­ser la fonc­tion du rire dans les Dialogues de Platon, où les dif­fé­rents inter­lo­cu­teurs - Socrate y com­pris - l’uti­li­sent pour contes­ter l’auto­rité intel­lec­tuelle de ceux aux­quels ils s’affron­tent,tout autant que pour fonder la leur. Je m’effor­ce­rai donc, dans un pre­mier temps, de mon­trer que le rire ainsi défini est pré­sent de mul­ti­ples façons dans les écrits pla­to­ni­ciens, qu’il s’agisse des mots pour le dire, des types de dis­cours où il se mani­feste (pas­ti­che, comé­die, fable, satire, bouf­fon­ne­rie) ou des per­son­na­ges qui le repré­sen­tent. Or, on le sait, il n’est bon ni de faire rire, ni d’y pren­dre plai­sir, car c’est au mieux se trans­for­mer en « bouf­fon » (bômo­lo­khos) ou en auteur de comé­die (kômôi­do­poios), au pire aimer et se réjouir de ce que l’on devrait détes­ter en raison de sa per­ver­sité : le vice et la dérai­son. Il convien­dra donc de s’inter­ro­ger sur cette appa­rente contra­dic­tion : une auto­rité intel­lec­tuelle trou­vant à s’auto-fonder dans et par l’usage de ce qui en est, ou de ce qui semble en être, le plus éloigné.