Dès le XIIe siècle av. J.-C., après la chute de l’empire hittite, qui avait dominé l’Anatolie ainsi que la Syrie du Nord pendant la deuxième moitié du IIe millénaire, toute une série d’états de dimensions locales se forment dans les mêmes régions. Ces royaumes ont été appelés par les chercheurs « états néo-hittites », soulignant ainsi leurs liens culturels et politiques forts avec les traditions de l’empire hittite, dont ils ont avaient conservé une des langues et une des écritures officielles : le louvite hiéroglyphique.
En Anatolie méridionale, un des ces états néo-hittites, désigné, par les textes néo-assyriens contemporains, par le nom de « Tabal », développe une image bien définie de la royauté, connue surtout par une série de stèles et d’inscriptions en louvite hiéroglyphique, gravées sur la roche, selon l’héritage de la propagande royale impériale hittite. Dans le corpus des inscriptions de Tabal l’autorité locale se présente selon un modèle hiératique, mettant en évidence ses relations avec les divinités, tandis qu’on n’y trouve aucune allusion aux contacts avec les autres entités politiques contemporaines, comme l’empire néo-assyrien ou les autres états néo-hittites. Les rois de Tabal se présentent à leur public comme s’ils étaient le seul pouvoir au monde ; monde qui d’ailleurs, pour eux, correspondait juste au territoire du Tabal.
La communication propose une analyse de ces sources épigraphiques et iconographiques, d’un point de vue typologique ainsi que de leurs contenus, qui mettra en évidence la façon selon laquelle la royauté de Tabal choisit de mettre en scène son autorité, refusant de rentrer dans une dynamique extrarégionale et dans une histoire « globale », pourtant typiques de la tradition hittite. À la même époque, les chancelleries de l’état assyrien présentent par contre la royauté dans une perspective impériale, comme un pouvoir universel, destiné à dominer le monde entier.