ERAMA
 

F.Defendenti, « Le pou­voir royal proche-orien­tal au Ier mil­lé­naire av. J.-C. : Le cas du royaume de Tabal en Anatolie méri­dio­nale »

Federico Defendenti (EPHE)

Dès le XIIe siècle av. J.-C., après la chute de l’empire hit­tite, qui avait dominé l’Anatolie ainsi que la Syrie du Nord pen­dant la deuxième moitié du IIe mil­lé­naire, toute une série d’états de dimen­sions loca­les se for­ment dans les mêmes régions. Ces royau­mes ont été appe­lés par les cher­cheurs « états néo-hit­ti­tes », sou­li­gnant ainsi leurs liens cultu­rels et poli­ti­ques forts avec les tra­di­tions de l’empire hit­tite, dont ils ont avaient conservé une des lan­gues et une des écritures offi­ciel­les : le lou­vite hié­ro­gly­phi­que.

En Anatolie méri­dio­nale, un des ces états néo-hit­ti­tes, dési­gné, par les textes néo-assy­riens contem­po­rains, par le nom de « Tabal », déve­loppe une image bien défi­nie de la royauté, connue sur­tout par une série de stèles et d’ins­crip­tions en lou­vite hié­ro­gly­phi­que, gra­vées sur la roche, selon l’héri­tage de la pro­pa­gande royale impé­riale hit­tite. Dans le corpus des ins­crip­tions de Tabal l’auto­rité locale se pré­sente selon un modèle hié­ra­ti­que, met­tant en évidence ses rela­tions avec les divi­ni­tés, tandis qu’on n’y trouve aucune allu­sion aux contacts avec les autres enti­tés poli­ti­ques contem­po­rai­nes, comme l’empire néo-assy­rien ou les autres états néo-hit­ti­tes. Les rois de Tabal se pré­sen­tent à leur public comme s’ils étaient le seul pou­voir au monde ; monde qui d’ailleurs, pour eux, cor­res­pon­dait juste au ter­ri­toire du Tabal.

La com­mu­ni­ca­tion pro­pose une ana­lyse de ces sour­ces épigraphiques et ico­no­gra­phi­ques, d’un point de vue typo­lo­gi­que ainsi que de leurs conte­nus, qui mettra en évidence la façon selon laquelle la royauté de Tabal choi­sit de mettre en scène son auto­rité, refu­sant de ren­trer dans une dyna­mi­que extra­ré­gio­nale et dans une his­toire « glo­bale », pour­tant typi­ques de la tra­di­tion hit­tite. À la même époque, les chan­cel­le­ries de l’état assy­rien pré­sen­tent par contre la royauté dans une pers­pec­tive impé­riale, comme un pou­voir uni­ver­sel, des­tiné à domi­ner le monde entier.