L’inscription de Behistoun désigne les hommes du Grand Roi achéménide par le mot bandakā. Issu du radical indo-‐européen *bhendh, ce terme montre l’importance qu’avait, dans l’idéologie du pouvoir monarchique, la fidélité que les dignitaires devaient à tout moment démontrer à la personne du roi. De leur point de vue, les Grecs définissaient les membres de l’entourage royal par le terme πιστοί (dignes de confiance). Considérées dans leur ensemble, ces deux définitions suggèrent un rapport d’« échange inégal » où à la confiance concédée par le Grand Roi doit correspondre la fidélité de son subordonné loyal. La confiance du Roi devient ainsi le pivot autour duquel se développe une véritable idéologie de l’autorité. La raison en est claire : l’entretien du réseau de rapports de confiance/fidélité était le système le plus efficace pour assurer au Grand Roi le contrôle de l’empire perse.
Mais comment maintenir ce réseau sur le territoire, étant donné les énormes dimensions de celui-‐ci ? Dans la communication que je propose, j’examinerai la possibilité que, lorsqu’aucune rencontre physique n’était possible entre le monarque et son subordonné, le Roi renouvelât le lien de confiance/fidélité qu’il entretenait avec lui par l’envoi d’un gage en forme de main droite (δεξιά). Transmis unilatéralement par le Roi à son sujet, ce gage vise d’un côté à rappeler la verticalité du rapport existant entre les deux ; de l’autre côté, représentant une main droite, il manifeste la nature de ce rapport de confiance/fidélité, en renvoyant directement à la symbolique de la poignée de main, « la forme de garantie la plus contraignante chez les Perses » selon Diodore.
Une pareille hypothèse peut être émise sur la base d’un examen philologique d’un certain nombre de sources grecques et latines qui concernent les communications à distance entre le Roi et ses hommes.