L’autorité se définit philosophiquement comme une obéissance librement consentie. À cet égard, le lien établi par les sources littéraires antiques entre beauté et autorité des souverains perses achéménides est particulièrement intéressant (voir Hérodote, Enquêtes, VII, 187) : l’apparence physique du Grand Roi aurait suffi à faire reconnaître à tous son autorité, sa supériorité. Cette idée est surtout présente chez Hérodote, mais un écho s’en rencontre aussi chez Eschyle, Xénophon et même chez des auteurs tardifs (Plutarque et Cornelius Nepos). On se proposera ici d’étudier les implications de cette beauté physique du Grand Roi à travers trois grands axes.
1) Quels étaient les différents aspects de la beauté du Grand Roi ? Il s’agit d’examiner les différents critères physiques nécessaires au souverain perse, ainsi que les stratégies mises en œuvre pour mettre en valeur cette beauté.
2) Quels étaient les fondements idéologiques de cette autorité fondée sur la beauté ? Nos sources présentent cette beauté exceptionnelle des Grands Rois comme un attribut les rapprochant de la divinité et donc comme un socle de leur pouvoir. Cette conception de la légitimité royale impliquait aussi pour le roi des droits sur toute beauté en ce monde.
3) Enfin, comment les auteurs grecs de l’Antiquité intégrèrent-ils à leurs œuvres ce motif de la propagande royale perse ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les auteurs grecs de l’Antiquité ne cherchèrent pas à nier la qualité de l’apparence physique du Grand Roi, souverain « barbare ». Au contraire, ils cherchèrent à récupérer à leur profit cette idéologie.