ERAMA
 

V. Colonge, « Beauté et Autorité : le Grand Roi dans les sour­ces lit­té­rai­res anti­ques »

Victor Colonge (ENS de Lyon)

L’auto­rité se défi­nit phi­lo­so­phi­que­ment comme une obéis­sance libre­ment consen­tie. À cet égard, le lien établi par les sour­ces lit­té­rai­res anti­ques entre beauté et auto­rité des sou­ve­rains perses aché­mé­ni­des est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant (voir Hérodote, Enquêtes, VII, 187) : l’appa­rence phy­si­que du Grand Roi aurait suffi à faire reconnaî­tre à tous son auto­rité, sa supé­rio­rité. Cette idée est sur­tout pré­sente chez Hérodote, mais un écho s’en ren­contre aussi chez Eschyle, Xénophon et même chez des auteurs tar­difs (Plutarque et Cornelius Nepos). On se pro­po­sera ici d’étudier les impli­ca­tions de cette beauté phy­si­que du Grand Roi à tra­vers trois grands axes.

1) Quels étaient les dif­fé­rents aspects de la beauté du Grand Roi ? Il s’agit d’exa­mi­ner les dif­fé­rents cri­tè­res phy­si­ques néces­sai­res au sou­ve­rain perse, ainsi que les stra­té­gies mises en oeuvre pour mettre en valeur cette beauté.

2) Quels étaient les fon­de­ments idéo­lo­gi­ques de cette auto­rité fondée sur la beauté ? Nos sour­ces pré­sen­tent cette beauté excep­tion­nelle des Grands Rois comme un attri­but les rap­pro­chant de la divi­nité et donc comme un socle de leur pou­voir. Cette concep­tion de la légi­ti­mité royale impli­quait aussi pour le roi des droits sur toute beauté en ce monde.

3) Enfin, com­ment les auteurs grecs de l’Antiquité inté­grè­rent-ils à leurs oeu­vres ce motif de la pro­pa­gande royale perse ? Contrairement à ce que l’on pour­rait penser, les auteurs grecs de l’Antiquité ne cher­chè­rent pas à nier la qua­lité de l’appa­rence phy­si­que du Grand Roi, sou­ve­rain « bar­bare ». Au contraire, ils cher­chè­rent à récu­pé­rer à leur profit cette idéo­lo­gie.