ERAMA
 

Guillaume Biard, « La repré­sen­ta­tion hono­ri­fi­que à l’époque hel­lé­nis­ti­que comme mani­fes­ta­tion de l’auto­rité »

Guillaume Biard (École Française d’Athènes)

Dans les cités grec­ques dont le gou­ver­ne­ment est démo­cra­ti­que, les assem­blées détien­nent l’auto­rité poli­ti­que – le κῦρος –, qu’elles délè­guent aux magis­trats pour accom­plir une fonc­tion défi­nie en un temps déter­miné, au terme duquel ils doi­vent rendre des comp­tes – εὔθυναι – de leur action. Ce sys­tème poli­ti­que, qui doit en prin­cipe éviter l’acca­pa­re­ment de l’auto­rité par un seul, connaît de fré­quen­tes déri­ves. De fortes per­son­na­li­tés par­vien­nent en effet à gagner la confiance de leurs conci­toyens et à exer­cer leur ascen­dant sur les ins­ti­tu­tions. Il suffit de rap­pe­ler le mot de Thucydide à propos de Périclès (II 65, 9) : « c’était en parole une démo­cra­tie, en fait le gou­ver­ne­ment du pre­mier citoyen ». À l’époque hel­lé­nis­ti­que, les cités doi­vent en outre comp­ter avec l’auto­rité des rois, puis des magis­trats romains, qui, à divers degrés, imprime de sa marque la vie publi­que.

Au-delà d’une ana­lyse en terme de dys­fonc­tion­ne­ment ou de limi­ta­tion de la démo­cra­tie, je pro­pose d’exa­mi­ner com­ment une ins­ti­tu­tion fon­da­men­tale de ce régime, le sys­tème des hon­neurs, et notam­ment la repré­sen­ta­tion hono­ri­fi­que, contri­bue à la cons­truc­tion et à la reconfi­gu­ra­tion per­ma­nente de l’auto­rité dans la cité. Les repré­sen­ta­tions hono­ri­fi­ques, publi­ques comme pri­vées, témoi­gnent de l’équilibre ins­ta­ble entre la quête de reconnais­sance et d’auto­rité des nota­bles et la néces­sité pour les ins­ti­tu­tions de maî­tri­ser cette osten­ta­tion, sans renon­cer aux lar­ges­ses des bien­fai­teurs. Des études de cas – Rhodes, Priène, Pergame, Thasos – pour les­quel­les seront mobi­li­sées des sour­ces variées – textes lit­té­rai­res, décrets, bases de sta­tues et frag­ments sculp­tés – mon­tre­ront qu’au sein de com­mu­nau­tés civi­ques res­trein­tes, la pré­sence monu­men­tale des indi­vi­dus dans les ἐπιφανέστατοι τόποι est un élément essen­tiel de la cons­truc­tion de leur κῦρος.