ERAMA
 

Emmanuel Arbabe, « Un insi­gne de l’auto­rité mili­taire chez les Gaulois »

Emmanuel Arbabe (Paris I)

Les Gaulois de l’époque laté­nienne uti­li­saient, selon une pra­ti­que très répan­due à tra­vers l’his­toire, des ensei­gnes pour mener leurs trou­pes au combat. A ce titre, les ensei­gnes-san­glier sont bien connues grâce à la numis­ma­ti­que et l’archéo­lo­gie. Elles sont mani­fes­te­ment uti­li­sées sur les mon­naies comme sym­bole de l’auto­rité mili­taire, au même titre, mais dans une moin­dre mesure, que le carnyx. Ces deux usten­si­les per­met­tent effec­ti­ve­ment de signa­ler sur le champ de bataille la pré­sence du com­man­de­ment et, pour ce der­nier, per­met­tent de com­mu­ni­quer avec les trou­pes. On ne connait pas d’autre signe maté­riel de cette auto­rité mili­taire chez les Gaulois.

Pourtant, l’examen des mon­naies comme des objets liés à la sphère mili­taire, permet d’isoler un motif récur­rent très for­te­ment asso­cié à la sphère mar­tiale, et, à l’inté­rieur de celle-ci, à l’auto­rité. Il s’agit d’un ensem­ble trian­gu­laire com­posé de trois motifs cir­cu­lai­res, dont on peut, depuis la fin de La Tène finale (1er siècle avant J.-C.) pister les ori­gi­nes jusqu’au Hallstatt final (VIe siècle av. J.-C.). Ce motif qui, en réa­lité, n’a pas le carac­tère anodin et banal qu’on est tenté de lui prêter, se révèle être en défi­ni­tive une spé­ci­fi­cité gau­loise qui peut être étendue à la partie orien­tale du domaine celte conti­nen­tal. La variété des sup­ports sur les­quels on peut le trou­ver permet de déduire qu’il s’agit, plutôt que d’une ensei­gne mili­taire dont l’uti­lité serait également tac­ti­que, d’un insi­gne repré­sen­tant l’auto­rité mili­taire peut-être la plus élevée.

Pour finir, la diver­sité des contex­tes dans les­quels cet insi­gne appa­rait permet d’appro­cher les concep­tions qui sous-ten­dent cette auto­rité ainsi que d’expo­ser quel­ques-unes des cir­cons­tan­ces durant les­quel­les elle se met­tait en scène. Ici, l’ico­no­gra­phie que la numis­ma­ti­que permet de réunir pour le 1er siècle av. J.-C. est par­ti­cu­liè­re­ment utile, ainsi que quel­ques trou­vailles excep­tion­nel­les répar­ties tout le long de la période étudiée.