Zheira Kasdi, « Les dédi­ca­ces impé­ria­les de Maurétanie césa­rienne, avant-scène de l’auto­rité du pro­cu­ra­teur-gou­ver­neur »

Zheira Kasdi (Paris I)

La pro­vince de Maurétanie Césarienne était gou­ver­née par un pro­cu­ra­tor Augusti (appelé aussi prae­ses) dési­gné par l’empe­reur¹. Agent du prince, ce gou­ver­neur est la plus haute auto­rité pré­sente sur place et l’échelon prin­ci­pal entre les com­mu­nau­tés et un empe­reur qui ne s’est pra­ti­que­ment jamais rendu dans cette contrée². En charge du main­tien de l’ordre, de la jus­tice, de la col­lecte des impôts, du contrôle des cons­truc­tions et du culte impé­rial, ce der­nier est en contact direct et étroit avec les popu­la­tions. Le gou­ver­neur pos­sède une auto­rité réelle ren­for­cée par l’absence du prin­ceps qui peut être étudiée grâce à la docu­men­ta­tion épigraphique et plus pré­ci­sé­ment les dédi­ca­ces impé­ria­les.

Celles-ci sont consa­crées aux empe­reurs mais pres­que sys­té­ma­ti­que­ment le gou­ver­neur en poste y est asso­cié. Bien qu’il n’en soit pas le des­ti­na­taire direct, ces dédi­ca­ces per­met­tent au gou­ver­neur de se « mani­fes­ter ». Il y incarne l’auto­rité déci­sion­nelle (le gou­ver­neur auto­rise l’hom­mage) mais également l’auto­rité de contrôle (lorsqu’il s’agit de tra­vaux ou de res­tau­ra­tion d’édifices). D’autres dédi­ca­ces impé­ria­les insis­tent aussi sur l’influence du gou­ver­neur auprès des com­mu­nau­tés, par le biais de conseils ou de sol­li­ci­ta­tions. À tra­vers le choix du voca­bu­laire et des expres­sions uti­li­sées dans les dédi­ca­ces impé­ria­les, se pose alors plei­ne­ment la ques­tion de l’affir­ma­tion de l’auto­rité du gou­ver­neur ainsi que l’ins­crip­tion de cette der­nière dans l’espace (les dédi­ca­ces étant dis­po­sées à la vue de tous) et le temps. Il appa­rait que cer­tains de ces agents du pou­voir ont réel­le­ment cher­chés à affir­mer leur auto­rité. Notre com­mu­ni­ca­tion qui s’ins­cri­rait donc dans l’Axe 2 du col­lo­que pro­pose une étude glo­bale de ce phé­no­mène.