ERAMA
 

Anthony-Marc Sanz, « La mise en scène de l’auto­rité à tra­vers la recep­tio in fidem à l’époque de la conquête romaine »

Anthony-Marc Sanz (Paris IV)

La dedi­tio in fidem cons­ti­tue un des ins­tru­ments majeurs de la sou­mis­sion des peu­ples vain­cus par les Romains pen­dant la conquête de l’Italie et de la Méditerranée, du IVe au Ier siècle avant J.-C. Lorsqu’un rap­pro­che­ment diplo­ma­ti­que préa­la­ble s’est révélé impos­si­ble et qu’un peuple se retrouve menacé par les légions, il lui reste encore la pos­si­bi­lité de se livrer tota­le­ment, popu­la­tion, biens et ter­ri­toire aux mains de leur chef et, en invo­quant sa fides, d’espé­rer obte­nir sa clé­mence et la res­tau­ra­tion de son auto­no­mie.

Mais c’est bien en tant que repré­sen­tant légi­ti­me­ment investi de la République romaine et por­teur de la fides publica que le magis­trat reçoit cette sou­mis­sion. Par consé­quent, les mots qu’il pro­nonce et sur­tout l’atti­tude et les gestes qu’il adopte au moment de la recep­tio in fidem sont l’expres­sion vivante de l’auto­rité du popu­lus Romanus. Le com­por­te­ment codi­fié auquel le magis­trat réci­pien­daire doit alors se confor­mer révèle donc l’idée que l’on se fait de cette der­nière chez les Romains de la République, et la manière dont on entend la mettre en scène aux yeux des autres peu­ples.

Or, de ce com­por­te­ment, tout comme celui des dédi­ti­ces auquel il répond en quel­que sorte, on devine les traits essen­tiels grâce aux sour­ces dis­po­ni­bles, à la fois lit­té­rai­res (sur­tout les récits des his­to­riens latins et grec) et ico­no­gra­phi­ques (par ex. la pein­ture). Aussi se pro­pose-t-on, dans cette com­mu­ni­ca­tion, de conduire l’ana­lyse de ce com­por­te­ment et, si pos­si­ble, de retra­cer l’évolution de ses codes.