ERAMA
 

Thomas Bardin, « Les dis­tri­bu­tions d’avè­ne­ment à Rome sous l’Empire (Ier-IIIe siè­cles ap. J.-C.) »

Thomas Bardin (Lyon 2)

L’ins­ti­tu­tion du régime impé­rial n’existe pas de manière codi­fiée : le Princeps est le garant, le conti­nua­teur et l’incar­na­tion fic­tive de la République. Chaque chan­ge­ment de Prince s’accom­pa­gne d’une quête de légi­ti­mité dont dépend la sta­bi­lité poli­ti­que. Parmi le cor­tège d’hon­neurs et de céré­mo­nies d’avè­ne­ment des­tiné à bâtir l’auc­to­ri­tas de l’empe­reur figu­rent les dis­tri­bu­tions d’argent et de médaillons, au carac­tère excep­tion­nel. Il s’agit de deux pra­ti­ques théo­ri­que­ment dis­tinc­tes : celle du congiaire et celle du dona­ti­vum. Le pre­mier dési­gne une dis­tri­bu­tion d’argent à la plèbe urbaine de Rome, tandis que le dona­ti­vum est une gra­ti­fi­ca­tion accor­dée en pre­mier lieu aux sol­dats des cohor­tes pré­to­rien­nes en charge de la pro­tec­tion des empe­reurs. Ces dis­tri­bu­tions témoi­gnent de la Liberalitas Augusti, vertu essen­tielle du sou­ve­rain, et sont célé­brées comme tel dans le mon­nayage impé­rial. Cet exposé pro­pose de reve­nir sur la mise en place pro­gres­sive de ces dis­tri­bu­tions et leurs moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion. En croi­sant les men­tions de dis­tri­bu­tions rap­por­tées par les auteurs anciens avec la com­mé­mo­ra­tion sys­té­ma­ti­que de la Liberalitas impé­riale dans le mon­nayage, il est pos­si­ble de cons­truire une his­toire du congiaire et du dona­ti­vum d’avè­ne­ment. Le dos­sier ico­no­gra­phi­que, bien que rela­ti­ve­ment res­treint, permet d’inter­ro­ger la mise en scène des dis­tri­bu­tions et de poser la ques­tion de l’exis­tence d’un céré­mo­nial par­ti­cu­lier. Ces cadeaux d’avè­ne­ment, théo­ri­que­ment atten­dus de chaque nouvel empe­reur et régu­liè­re­ment renou­ve­lés au cours du règne, s’ins­tal­lent et se mul­ti­plient au rythme de l’évolution du régime. En deve­nant une véri­ta­ble ins­ti­tu­tion, ces dis­tri­bu­tions par­ti­ci­pent de la nature pro­fonde du Principat : celle d’un dia­lo­gue per­ma­nent entre l’empe­reur et les autres, où l’auto­rité du pre­mier s’appuie sur un consen­sus cons­tam­ment renou­velé avec ses sujets.