« Un roi règne, non par la volonté du peuple, mais par son droit naturel, parce qu’il s’appelle lion, or il n’est pas de lion sans crinière »1. Il en va des régimes politiques comme du lion de Paul Veyne : s’il est évident pour tous que leur autorité s’impose aussi par des manifestations symboliques, les historiens se concentrent quasi exclusivement sur leur dimension visuelle. Statuaires, numismatiques ou même archéologiques : les études des systèmes symboliques du pouvoir s’appuient uniquement sur la vue2. L’ambition de cette communication est de leur adjoindre une dimension sonore : il s’agira donc de s’intéresser moins à la crinière qu’au rugissement.
En effet, les sources permettent une reconstitution analytique du paysage sonore du passé, particulièrement lorsqu’il s’agit des plus hautes sphères du pouvoir. Les textes historiques et littéraires ainsi que les inscriptions de musiciens professionnels ouvrent la voie à une histoire politique des sonorités à l’époque impériale. Que ce soit par l’utilisation de la musique dans les cérémonies publiques (rites religieux, procédures judiciaires, triomphes…) ou la répression de sonorités jugées dérangeantes, les autorités romaines ont montré une attention réelle au sonore qu’il serait dommage de laisser végéter dans les oubliettes de l’historiographie. Attribut immatériel du pouvoir, le son en est aussi un vecteur de diffusion spatiale au sein d’un lieu donné, raison pour laquelle nous proposons d’insérer cette communication dans l’axe problématique numéro deux.